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PARADE, L’EXPOSITION ÉVÉNEMENT 2024 AU CENTRE D’ART CONTEMPORAIN – CHÂTEAUVERT

Les titres des expositions de Pierre Ardouvin, minutieusement et malicieusement choisis par l’artiste, parmi lesquels « Tout est affaire de décor« , « Marcel« , « Soupe de têtes de fantômes« , « Prouve que tu existes« , ou encore « Purple Rain« , laissent aisément deviner que « PARADE« , titre de l’exposition au Centre d’art d’agglomération à Châteauvert et d’une œuvre produite pour l’occasion, s’il fait référence à l’univers du cirque et surtout au film éponyme de Jacques Tati, est aussi une manière de suggérer l’évitement, la riposte, la diversion face à un imprévu ou une attaque.

  • Vernissage de l’exposition le mardi 2 juillet 2024 à 18h

Vue de l’exposition Marcel, Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, salle de la fée Électricité de Raoul Dufy, 2009

L’art de réminiscences oniriques dans l’univers de Pierre Ardouvin

Pour Parade, Pierre Ardouvin s’est emparé des réalités territoriales, les crues de l’Argens, pas si éloignées de celles que l’on nomme globales et de leurs débordements, qui tournent elles aussi en boucle sur les écrans du monde, pour, au travers de son lexique formel, agencer ce que nomme très justement Éric Mangion, « une situation »[1].

À partir d’éléments du banal et du quotidien, canapés disparates, bastaings, bibelots, rochers et branchages, l’artiste organise l’espace d’exposition comme le reflet d’un tout petit monde recomposé et semblable à celui vu au travers d’un miroir déformant, avec ce pouvoir d’altération du réel que le rêve ou le cauchemar autorise, transformant l’exposition en une réminiscence onirique. Des scories insistantes de notre enfance ainsi revivifiées, qui font se déplacer des canapés à la nuit tombée pour former, sous nos yeux, des espèces de manèges domestiques. Henri Michaux en 1969 écrit : « En rêve je ne proteste pas, m’habituant à l’instant à la situation, si impossible qu’elle soit, sans la rejeter, sans m’évader. Tout au plus, j’espère sortir de la situation, mais pas du monde où elle s’insère (…). »[2]

Plus encore, et à la manière de Tati dans son film, Ardouvin requiert la participation des spectateurs, sollicitant ici leur mémoire individuelle et collective pour recomposer en chacun des pans d’histoires vécues ou rapportées. Les objets ainsi rassemblés et organisés dans l’espace d’exposition sont dès lors de potentielles présences fantomatiques, ici, le fauteuil de mon grand-père, là, le canapé de ma voisine, provoquant une bascule de l’objet fonctionnel à la présence du poétique.  

Une exploration des temps modernes entre folie douce et mélancolie de souvenirs d’enfance

Parade est aussi une situation surnaturelle où les changements d’échelles s’opèrent si l’on se prête au jeu des manèges, miniatures spatio-temporelles ainsi disposées dans l’espace pour permettre aux visiteurs d’accéder au niveau des bibelots, ici les « Équilibristes ». Sculptures de plâtres de tailles domestiques, faites d’une juxtaposition fragile et précaire d’objets relevant principalement du domaine de l’enfance et ici présentés comme en équilibre sur un fil : « Des jeux de figuration grossiers qui laissent percer l’existence d’une vie secrète, parallèle, des objets inanimés », nous dit Guillaume Desange.[3]

En zoomant plus encore, sans se laisser bercer par l’illusion du tout, il nous est permis, comme dans toute déambulation ou promenade dans le paysage, de tomber sur quelques merveilles. Ici et là sont disposées des étoiles de mer, en quelque sorte échouées sur leurs rochers, semblables à celles rapportées des congés payés et immédiatement soigneusement exhibées sur les étagères du salon familial. Un souvenir funeste et joyeux, car enfantin encore une fois, de ces moments passés à jouer les plongeurs des bords de mer lorsque le soleil du midi à son zénith écrase les ombres des vacanciers.

Si Parade est une invitation joyeuse et mélancolique, fragile et concrète, où le maximum rejoint le minimum, c’est que l’œuvre entière de Pierre Ardouvin est consacrée à ausculter les temps modernes et leur charivari d’excès et de douces folies. L’artiste se saisit autant de la culture populaire avec son défilé composé d’une fétichisation des marchandises, de la société du spectacle, de la salle des fêtes et des congés payés, passés ici au filtre de l’enfance comme le sursaut d’une énergie imaginative et créatrice.

Purple Rain – Une capsule temporelle immersive et poétique

À l’invitation de Nuits Blanches en 2011, l’artiste répondait par « Purple Rain« , une production spécifique pour la cour de l’Hôtel d’Albret à Paris. La proposition est, comme souvent chez Ardouvin, une sorte de capsule temporelle, où dès l’entrée, le promeneur est saisi par les premières notes de guitare du slow mythique de Prince. L’architecture du XVIe siècle et les visiteurs sont baignés d’une lumière violette par un puissant éclairage sans fard, et, littéralement, une pluie artificielle façon canon à eau de pompier, arrose les visiteurs. Chacun se voit remettre un parapluie identique, translucide, permettant à la fois de faire partie du décor tout en observant les mouvements et réactions des autres. Les visiteurs amusés sont guidés par leur mémoire vers des abîmes de nostalgie d’un passé adolescent heureux, frustré, ou fantasmé au son de ces notes de guitare jouées en boucle – le vinyle serait-il rayé ? – dont d’aucuns ne sauraient mentalement reconstituer l’entièreté du morceau.

Les dispositifs sont souvent visibles dans l’œuvre d’Ardouvin et les objets du quotidien – ici, les parapluies – sont autant perçus comme des accessoires propices à la solitude qu’au rassemblement, invitant simultanément les spectateurs à devenir les acteurs de cet instant partagé et à faire entrer les coulisses du spectacle sur le devant de la scène. L’ambiance sonore, telle une courte litanie, joue le rôle d’une ritournelle enfantine et fonctionne à plein de son pouvoir mémoriel, convoquant des émotions, bien qu’individuelles, relevant néanmoins d’une culture populaire commune. Avec Purple Rain, Ardouvin cueille le public avec trois fois rien, créant un espace-temps onirique et poétique, ambigu, intime et collectif à la fois.

On dirait le sud – Œuvre éphémère au cœur de Paris entre grande et petite histoire

Un peu plus tôt, dans le parcours artistique de l’artiste, surgit « On dirait le sud« , flanqué sur la façade du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. En 2005, l’institution, fermée pour travaux, a invité Pierre Ardouvin à concevoir un projet pour ses extérieurs. À contrepied de ce que traditionnellement il est envisagé pour ce type d’édifice, architecture grandiloquente des années 30, où le propos désiré vient bien souvent surenchérir, souligner ou compléter la puissance voulue du palais ainsi édifié, avec son installation On dirait le sud, Ardouvin vient briser la verticalité de chaque colonne en les liant par des cordes, comme autant d’étages d’un immeuble sur lesquels sont suspendus des linges, vêtements, draps, chaussettes, robes et autres tee-shirts qui volent au vent.

L’installation, visuelle et sonore, si elle renvoie à ce sud populaire, à la fois carte postale faite de ce qu’il faut de pittoresque et d’authentique, ne masque pas pour autant, par effet de contraste, la collision anachronique du quotidien et du trivial avec le monumental imposé dans la capitale, la grande histoire. Il introduit également par ce simple titre, outre la citation au succès de Nino Ferrer « Le Sud », une des dimensions essentielles à son œuvre, l’enfance, en étendant ce titre en leur univers : « on dirait que ce serait le Sud, on dirait que je serai la princesse, on dirait que ce serait ma maison… « , les enfants possédant cette capacité, à partir de presque rien, de tous petits riens, d’envisager des mondes au-delà du réel, des myriades de petites histoires.

[1] « Fin de Partie », 2006 texte d’Éric Mangion à l’occasion de l’exposition Antidote, Pierre Ardouvin.

[2] « Façons d’endormi, façons d’éveillé », Henri Michaux, Gallimard, 1969

[3] “Eschatology Park, texte de Guillaume Desange, les Presses du Réel, 2010


Crédit photo Didier Robcis

Pierre Ardouvin

Ses œuvres ont fait l’objet de nombreuses expositions personnelles et collectives en France et à l’étranger. Entre autres, nous citerons :
Tout est affaire de décor, MACVAL – Musée d’art contemporain du Val-de-Marne, Vitry sur seine, France,
Marcel, Musée d’Art moderne de la ville de Paris, Paris, France,
Nasseville, Palais de Tokyo, Paris, France,
De leur temps 2, Musée des Beaux-Arts, Grenoble, France,
Soupe de têtes de fantômes, Fondation d’Entreprise Ricard, Paris, France,
L’Amour et Agrave, La Plage, Musée Régional d’Art Contemporain, Sérignan, France,
Le mur, de la collection Antoine de Galbert, La Maison Rouge, Paris, France,
L’histoire d’une décénie qui n’est pas encore nommée, Biennale de Lyon, Musée d’Art, France,
Retour du Monde, MAMCO, Genève, Suisse,
French Contemporary Art, NMCA, Musée National d’Art Contemporain, Séoul, Corée du Sud,
French Window : Looking at Contemporary Art throught the Marcel Duchamp prize, Mori Art Museum, Tokyo, Japon,
Ceci n’est pas un casino, Casino, Luxembourg, Luxembourg,
The practice of everyday life, Fundacion Jumex, Mexico, Mexique.

Ses œuvres ont également été présentées au Museo Nacional de Arte (MUNAL) et Fundacion/Colleccion Lumex, Mexique, et au CCK et à Bienalsur à Buenos Aires, Argentine.


Également du 28 juin au 1er décembre 2024

Exposition « La maison dite du pont » de Thomas Mailaender

Faisant suite à l’appel à projets lancé par la mairie de Châteauvert remporté par Thomas Mailaender, également soutenu financièrement par l’Agglomération Provence verte, mais aussi au processus de dialogue et d’échanges avec les habitants du territoire, l’artiste présente ici quelques éléments et traces de sa quête pour la commande de « La maison dite du Pont », œuvre pérenne qui sera installée cet automne en entrée du village de Châteauvert. Il y sera question du passé et du présent, de fouilles extraordinaires et de récits aussi personnels que collectifs, pour une œuvre appartenant singulièrement à toutes et tous.

Thomas Mailaender bénéficie actuellement d’une exposition monographique intitulée « Les Belles Images » à la Maison Européenne de la Photographie (MEP) à Paris du 12 juin au 29 septembre 2024.

« Archéologie du quotidien » – Projet participatif avec les adolescents de la Provence verte

Cette installation sur le mur recto verso présente les productions de 5 adolescents dont le travail s’inspire de la pratique artistique de Thomas Mailaender.

Après avoir découvert la démarche de l’artiste et le projet de « La maison dite du Pont », les participants, accompagnés des médiatrices, ont porté à leur tour l’attention sur leur environnement quotidien, les objets et les archives qui le constituent. Ainsi, ils proposent une composition de formes où le commun, l’insignifiant et le détail sont le vocabulaire d’un poème visuel aux allures de « chambre d’ado ».

Ont participé au projet Anathaëlle, Enzo, Jade, Julie, Kylian, Marjorie et Paolo.


Le centre d’art contemporain à Châteauvert

Depuis son ouverture en 2014, le centre d’art contemporain de Châteauvert ouvre à tous un espace d’exposition à la création de notre temps. Situé dans un jardin de 12 hectares comptant une collection de sculptures, le centre d’art invite la nature et l’art à se rencontrer. Les œuvres de Nicolas Daubanes, Alain Clément, Charlotte Pringuey-Cessac ou encore Sara Favriau mènent le visiteur à l’émerveillement et au questionnement.

Le centre d’art appartient aux établissements culturels de l’Agglomération Provence verte.

Deux expositions par an, un festival estival, des cycles de conférences et de rencontres ainsi que des résidences d’artistes animent le site.

Infos pratiques

  • Accès  : 460 chemin de la Réparade – 83670 Châteauvert
  • Venir à Châteauvert :  A8, sortie 35, direction Le Val, puis Châteauvert
  • Contact : 07 81 02 04 66

Horaires d’ouverture du musée

  • Hors vacances scolaires :
    • Mardi, jeudi et vendredi sur RDV
    • Mercredi, samedi et dimanche
    • Du 1eroctobre au 30 avril : de 14h à 17h
    • Du 2 mai au 30 septembre : de 14h à 18h
  • Vacances scolaires
    • Du mercredi au dimanche
    • Du 1er octobre au 30 avril : de 14h à 17h
    • Du 2 mai au 30 septembre : de 14h à 18h
  • Juillet / août :
    • Du mercredi au vendredi : de 14h à 18h
    • Samedi et dimanche : 10h-13h / 14h-18h

Tarifs

  • Tarif plein : 3 €
  • Tarif réduit : 1,50 €
  • Gratuit pour les moins de 6 ans